J’y mal y pense :
un passe-partout
même salutaire, même sanitaire
se pourrait-il dissimuler
un projet rapetou
dans son sac à malices ?
sac rempli à craquer
des plus mauvais tours :
des tours de magie, des tours de vis
des tours de force, une tour de contrôle
et des tours de vices, chacun à son tour
jusqu’au dernier tour :
le contrôle de tous
contrôle absolu
–
Ça y est, c’est fait !
ils m’ont eu, c’est fini
on m’a injecté la deuxième dose
je suis cuit, je suis foutu
je ne suis plus que l’ombre de moi-même
parmi d’autres ombres, ombres d’elles-mêmes
ils ne m’ont même pas attaché
c’est moi qui suis venu de mon plein gré
je n’ai pas trop eu le choix, il faut bien manger
je travaille dans un centre inhospitalier
ils tuent des gens tous les jours
et ils s’en lavent les mains
ils font tourner la machine
c’est du business désinfecté
le pharmacien, l’enfoiré, il a mis la dose !
je lui parlai chiffon, 5G
il n’a pas du tout aimé
il m’a fait deux piqures pour le prix d’une
je ne lui ai même pas cassé la gueule
je suis juste parti en volant deux boîtes de Doliprane
ce matin
en rasant la glace de bonne heure
j’ai préféré fermer les yeux
pour éviter de me couper
ça n’a pas raté…
j’ai juste ouvert un œil
pour stopper l’hémorragie
et j’ai vu un type qui souriait jaune
un traître, un félon
un renégat de ses premières convictions
même si du coup
je me suis sauvé la vie, en fait
avec ce vaccin !
j’aurais eu un chat noir à portée de main
je lui aurais demander de me labourer le visage
du temps de feu ma dignité
j’étais sûr de faire partie un jour
d’une Résistance active et citoyenne
mais non
dès la première injonction de l’État :
je cours, je cours vers ma première injection !
deuxième injonction :
pareille ! je cours, je cours !
un vrai béni-oui-oui
au moins, suis-je en règle maintenant
cela dit
à tous ceux qui voudrait me jeter
une bassine d’opprobre sur la tête
qu’ils balayent d’abord le cri
des corneilles devant leur porte
(Photo : keys de ke dickinson)