C’était un lièvre à moitié fou
qui se croyait plus malin
qu’un aigle qui a faim
mais ça court vite un aigle
un aigle qui a faim
c’est une brute en chemin
le lièvre dit :
« je suis fort aussi
je peux faire le dernier pli
remporter la partie
la chance, ça compte aussi »
un porte bonheur ?
une patte de lapin ?
mieux que ça
il en a quatre sur lui
un trèfle à quatre feuilles ?
les trèfles à quatre feuilles
il les mange en salade
il se purge avec
un fer à cheval ?
l’hippodrome n’est pas si loin
et c’est l’heure de la cinquième
« du haut de la colline
je vais lancer un défi
je vais pousser mon cri
l’honneur, ça compte aussi
j’ai attendu toute ma vie
con d’aigle, je te défie ! »
la partie est lancée
la ligne d’arrivée ?
en bas, dans les fourrés, après le fossé
faites vos jeux
rien ne va plus
les paris sont lancés
une ombre immense
un cri, une haleine dans le ciel
une pensée folle :
« après, après, je ferai la fête
je féliciterai l’athlète accompli que je suis
après, après, je prendrai du repos »
l’ombre de l’aigle est loin derrière
tandis que la sienne le suit
« merde ! de quel côté est le soleil ? »
le fossé, enfin !
le lièvre bondit…
quand on joue contre un aigle
on perd souvent en toute fin de partie
car on joue la montre, aussi
(Image par PublicDomainPictures de Pixabay)